Équipement d'élevage Acheter une salle de traite d'occasion : une bonne affaire ?
Il y a profusion de salles de traite de moins de 10 ans sur le marché de l’occasion et souvent à des prix très intéressants. Acheter un équipement de seconde main peut être une bonne affaire, à condition de raisonner son choix.
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Si l’on en juge au ratio offre–demande, acheter sa salle de traite d’occasion est sans doute un bon plan. « C’est impressionnant tout ce qu’il y a en vente, et à des prix très intéressants ! », constate Pierrick Eouzan, conseiller à la chambre d’agriculture de Bretagne.
70 à 80 % des élevages laitiers qui investissent dans un équipement optent pour un robot, et chez ceux qui choisissent une salle de traite conventionnelle, « l’occasion ne représente que 10 à 15 % de nos ventes », rapporte Alexandre Henry, concessionnaire dans les Côtes-d’Armor. Les matériels ne partent pas aussi vite que le souhaiteraient les concessionnaires.
Parmi les acheteurs, il y a différents profils : le jeune installé qui a peu de capacité d’emprunt, le petit élevage extensif de moins de 50 vaches qui cherche un prix, ou encore l’élevage qui s’est agrandi et qui doit s’adapter parce que la traite dure de plus en plus longtemps. Il remplace sa salle de traite 2x4 ou 2x5 par un équipement de 2x10 ou 2x12. Certains conservent leur équipement et l’achat d’occasion sert à le compléter et l'agrandir, c’est un rallongement de quais.
Une salle de traite d'occasion : à quel prix ?
Les prix en occasion sont souvent particulièrement attractifs. « Une salle de traite 2x10 neuve, c’est 100 000 €, et d’occasion, un équipement de 4 ou 5 ans peut se trouver en achat direct auprès d’un éleveur à 15 000 € », détaille Pierrick Eouzan.
« A priori, on peut avoir facilement une décote de 30 % sur un équipement de deux ans, confirme Jean-Louis Poulet, chef de projet R&D traite et équipements de traite à l’Idele. Mais si on arrive à un prix 60 % inférieur, c’est sans doute que l’équipement est très vieux. »
Pour que l’achat d’occasion se justifie, l’écart avec le neuf doit être assez important. On peut bénéficier de 25 % de subventions de PCAE, et jusqu’à 35 % si c’est dans le cadre d’une installation d’un JA, sur un équipement neuf. Des aides financières que l’on ne peut pas décrocher pour un achat d’occasion. « Donc parfois, la différence de prix au final n’est pas si importante que cela », tempère Pierrick Eouzan.
Acheter plutôt auprès de son concessionnaire
Il convient de bien réfléchir son projet, même si l’achat d’occasion peut sembler une aubaine. « Souvent, la décision se prend en urgence quand le matériel ne fonctionne plus et certains éleveurs font un choix d’équipement pour gagner trois francs six sous qui ne leur donnera pas satisfaction », regrette Jean-Louis Poulet.
Il faut donc, comme pour un équipement neuf, réfléchir en fonction de ses besoins, de ses priorités, du contexte de l’exploitation. Traite par l’arrière ou sur le côté, en ligne ou rotative ? Penser à l’hygiène, à l’ergonomie, et bien sûr au dimensionnement.
« Il faut privilégier le matériel récent, préconise Pierrick Eouzan. L’idéal c’est d’utiliser une salle de traite qui est encore en service dans l’exploitation ou qui vient de s’arrêter. » Une fois à l’arrêt, les pulsateurs s’encrassent très vite.
Acheter auprès d’un éleveur, c’est moins cher que chez son concessionnaire, mais attention aux frais annexes : il faut rajouter 20 000 € de montage ainsi que les accessoires », avertit le conseiller bâtiment de la chambre d’agriculture.
L’éleveur qui démonte et remonte lui-même la salle de traite s’expose potentiellement à des anomalies. « On arrive parfois à des montages en dépit du bon sens, s’étrangle Jean-Louis Poulet. J’ai vu par exemple en Seine-Maritime il y a quelques années une purge montée à l’envers, elle pointait vers le haut, ça ne risquait pas de fonctionner ! »
La solution préférable c’est donc de passer par un concessionnaire, tranche l’expert. « On peut trouver facilement des machines de deux ans en état presque neuf. » Le concessionnaire qui vend en occasion s’engage à tout remettre à neuf, des caoutchoucs aux consommables. Il démonte et remonte l’équipement et apporte des garanties à l’acheteur.
Pour éviter les déconvenues, il existe d’ailleurs un certificat de conformité, le Certi’traite. C’est une démarche facultative pour l’éleveur mais obligatoire pour le concessionnaire. S’il y a une non-conformité liée à l’installation, il doit prendre en charge la réparation.
Le marché de l'occasion n'intéresse pas vraiment les concessionnaires car ce n'est pas sur ces installations qu'ils margent le plus...
En réalité, le marché de l’occasion n’intéresse pas vraiment les concessionnaires. « Ce n’est pas sur les installations qu’ils margent le plus mais sur les consommables qu’ils vendent après, ils préfèrent donc installer du neuf », glisse l’expert en matériel de traite de l’institut de l’élevage. « Souvent ils préfèrent que les éleveurs s’arrangent entre eux parce qu’il y a moins de risques d’avoir des problèmes ensuite, abonde Pierrick Eouzan. Avant d’acheter, il faut donc s’assurer que le concessionnaire voudra bien monter la salle de traite ».
Privilégier les marques connues
Autre point de vigilance, la disponibilité des pièces et des consommables. « Évitez les marques qui viennent de Turquie ou de Grèce par exemple », met en garde Jean-Louis Poulet. Attention aussi aux marques qui ne sont pas distribuées par un concessionnaire de son secteur, ou à celles qui ont été rachetées par des concessionnaires plus importants.
Trouvera-t-on encore à terme des décrocheurs automatiques, des pulsateurs, des pompes à lait ou des cartes électroniques ? Un dialogue sur toutes ces questions avec son concessionnaire est nécessaire. « Le point de vigilance sur les pièces, c’est en premier lieu sur le système de décrochage, c’est le cœur de la traite », pointe Alexandre Henry, qui distribue la marque GEA sur le secteur de Guingamp.
D’autres questions se posent sur les matériels bas de gamme, comme la compatibilité des équipements : s’il n’y a pas de compteur à lait, d’automatisation des portes ou d’indicateur de lait par exemple, est-ce possible de le rajouter ?
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